Pérou - De Puno à Ollantaytambo



Puno est une ville construite dans un amphithéâtre d’une montagne aride, ouvrant sur le lac Titicaca à 3.800m d’altitude. Nous nous sommes installés dans le centre historique non loin de sa plaza de Arma, un quartier touristique avec ses rues piétonnes, agences de voyage, restos et hôtels. Qui aurait dit cela lors de notre 1er passage il y a 35ans, où la ville était triste, austère.

Plaza de Arma


Nous avons prévu 2 jours pleins mais dès le premier jour nous avons enchaîné les 2 visites que nous voulions faire, ce qui nous a laissé largement de temps d’arpenter la ville.
Au matin, un taxi nous conduit en une quarantaine de minutes au site de Sillustani, par une route au milieu du bel altiplano, ponctué de petits murets en pierre sur de longues étendues.  Des fermières aux habits colorés, des troupeaux de moutons, lamas attirent nos regards. Notre taxi nous attendra à l’entrée du site situé sur une presqu’île à presque 4.000m, s’avançant dans le superbe lac Umayo. Avant les Incas, les ancêtres des Aymaras inhumaient les momies de leurs défunts, au plus près du ciel au pied de tours en pierres (chullpas). Les Incas continueront ensuite (jusqu’au XVIème) de construire des Chullpas plus hautes (jusqu’à 12m) avec leur technique d’assemblage parfait de leurs pierres. Les sépultures peuvent contenir jusqu’à 12 momies dans la position fœtale et possèdent une petite ouverture vers le soleil levant : comme le soleil renaît chaque matin, les morts… Même convertis à l’insu de leur plein gré, les indiens ont longtemps, en cachette la nuit, déterrés leurs morts du cimetière pour les conduire sur ce lieu resté sacré selon  les rites ancestraux. Un parcours balisé permet de nous balader dans ce magnifique lieu, et nous retrouvons notre chauffeur, 2 heures plus tard, qui nous laisse au retour au port de Puno.







Nous voulions nous renseigner pour  la visite des îles flottantes des Uros mais il n’est que 13h 30, aussi embarquons-nous dans la foulée après avoir parcouru la longue jetée bordée d’échoppes de souvenirs et boissons. Le lac n’a pas d’algues vertes en ce moment et nous filons tranquille dans l’embarcation à moteur au milieu des fameux roseaux (totoras) avant d’atteindre une des soixantaines d’îles. C’est chacune son tour pour recevoir les touristes, et nous sommes accueillis par le Président de la nôtre qui nous fait asseoir sur un banc en roseau, comme tout ici, et nous fait un cours sur le lac, son île, sa construction et le mode de vie des Uros.
En fait d’Uros, bien sûr, il n’en existe plus depuis les années 50 mais les Aymaras ont repris le flambeau, histoire d’avoir un moyen d’existence. Donc, respect, et cela permet à pratiquement 3.000 personnes de vivre mais aussi de perpétuer les traditions de ce peuple. Le Président est un fan de Fujimori (il en faut) qui a délimité ce territoire dans les années 80, pour permettre de vivre du tourisme. Le peuple Uros venant de Bolivie s’était déplacé de plus en plus à l’Ouest au fil des sécheresses avec baisse du Titicaca et déplacements de poissons. Chaque île d’une durée de vie moyenne d’une cinquantaine d’années, est épaisse d’environ 3 mètres dont la partie immergée, qui sert de base, le khili est composé de tiges de totoras tissées qui ressemble à de la terre.





Des poteaux en bois d’eucalyptus plantés dedans jusqu’au au fond du lac évitent qu’elles ne dérivent. Des petites cabanes en roseau évidemment servent d’abri aux femmes qui font et vendent leur artisanat. Nous achetons un bel ouvrage fait main, pour faire plaisir, mais refusons le tour dans la « Mercédès-Benz », faut quand même pas exagérer avec le ridicule.

La « Mercedes-Benz »

Nous ne sommes que 3 à refuser et nous attendons sur l’île. Lucio veut absolument que l’on y aille mais finalement cela se termine par un cours de français. Je lui note sur une page de mon cahier, les phrases clefs dont il peut avoir besoin. Il me dit que le Quechua est plus facile. Nous parlons aussi avec Maria-Elena, sa femme, il y a surtout des femmes sur ces îles, car souvent les hommes travaillent en ville. Ils ont l’âge de nos enfants. Au revoir, notre bateau nous fait rejoindre, la Capitale, les îles où il y a des habitations et des restos, les autres sont en train de s’y restaurer. Retour alors en milieu d’après-midi sur Puno.


Les tuk tuk de compet du Pérou.

Le lendemain matin il bruine, c’est bien qu’on ait fait le maximum de choses hier. Nous allons nous balader vers le terminal de bus en passant un grand marché de rue et ainsi réserver des places dans un bus qui part demain sur Cusco. Ce sera avec Cruz Del Sur qui a bonne réputation. Nous revenons alors en longeant le lac jusqu’au port pour repiquer vers le centre. Ah, nous entendons le train et courons du mieux que nous pouvons, ben oui 3800m tout de même ! Nous voyons le fameux train que nous ne prendrons pas cette fois because le prix exorbitant, c’est devenu un train de luxe pour les étrangers. Il a dû déposer ses passagers à la gare et là, il va se garer non loin du port. Sitôt passé, la voie est réinvestie par les étales du marché.




Le temps s’est dégagé et alors que nous buvions un pot en face de la cathédrale, nous avons aperçu un belvédère. Notre balade était toute trouvée, nous avons grimpé et profité de la vue superbe avec le Titicaca en fond.



Samedi 17 mars, notre petit déj est prêt dès 6h 15, c’est sympa et un taxi nous dépose au terminal de bus où nous nous pointons pile à 7h comme demandé. Bon, nous sommes les 1ers, ils nous disent toujours d’arriver en avance mais on attend à chaque fois. Ah, une petite taxe de quai, mais ce n’est pas élevé, et nous pouvons faire enregistrer nos bagages : exactement comme pour l’avion ! Pareil aussi pour l’embarquement avec petite fouille et même, photo de chaque passager.


Nous sommes à l’étage, devant, pour un superbe trajet. On se demande pourquoi nous aurions payé une fortune pour le trajet en train au lieu de ce trajet en bus qui traverse pratiquement les mêmes endroits ! Seul bémol, la traversée de Juliaca avec l’impression que la route était un champ de mines rempli d’eau.


La route est redevenue belle en traversant le long altiplano. Nous avons quitté le lac, les montagnes au loin se sont rapprochées, avons descendu quelques centaines de mètres avec des arbres revenus, les eucalyptus de nos paysages péruviens. De larges rios tumultueux montrent le chemin à notre route alors que les montagnes vertes deviennent plus abruptes et que le soleil est bien revenu. Depuis le départ, j’avais mon bouquin mais n’ai pratiquement pas mis le nez dedans pendant les 6 heures de trajets, nous sommes restés scotchés aux superbes paysages.
Nous sommes arrivés dans la belle ville de Cusco (3.400m) en début d’après-midi et sommes rendus directement dans l’hôtel que nous avons réservé pour la nuit. Notre 1er boulot alors, c’est de chercher notre perle pour les jours suivants, cela nous permet de visiter plein d’endroits différents sans notre sac sur le dos. Nous avons trouvé non loin de l’église San Blas, un charmant quartier qui s’est encore embelli par rapport à il y a 20 ans. Nous sommes d’ailleurs passés par hasard dans notre refuge d’alors en racontant au jeune gérant qui appelle « Sandra », pour raconter à sa femme. Non, nous ne restons pas même s’ils sont sympas, c’est un peu tristounet.



Cusco, en quechua veut dire « nombril », car cette ville était un pivot dans l’empire Inca. Ensuite, les conquistadors ont construit les palais, églises en rasant les édifices incas mais en s’appuyant sur leurs fondations, en conservant les plans donc le quadrillage des rues étroites. Beaucoup de palais ou maisons coloniales sont devenus des hôtels donc bien restaurés et faciles à voir.



Dimanche 18 mars, nous montons donc avec nos sacs sur San Blas  par la rue du même nom qui longe les bases des fameux murs incas, nous installer dans notre chambre. Il fait gris ce matin mais nous redescendons vers la plaza de Arma. Zut, il se remet à pleuvoir, heureusement qu’il y a beaucoup d’arcades et de toits à grand rebord !



Nous faisons le tour et montons la rue qui grimpe jusqu’à l’église San Cristobal. De son clocher, nous apercevons un groupe d’hommes qui vient de sortir de l’église qui doit faire office de salle de réunion, mais aussi en contrebas, la plaza de Arma et en fond toute la ville.

Sympa la peinture sur ce combi, certain qui connaisse le roman ou le film reconnaîtrons Christopher McAndless (Into the Wild) un superbe film.

C’est pratique, de cette plaza, partent les rues qui montent vers des cerros différents, de telle sorte que nous l’avons pratiquement toujours en vue. Pour l’heure, malgré la pluie, nous continuons la route qui mène à Sacsayhuaman et de fil en aiguille y arrivons. Nous hésitons pour y rentrer puis ayant l’assurance que nous pourrons y revenir avec notre billet valable 10 jours, nous nous décidons. Au mirador sur Cusco, il se met à pleuvoir des cordes, nous mettons les capes mais revenons à vue en prenant des marches directement vers notre hôtel. Nous sommes tout dégoulinants. Heureusement que les petits restos ne manquent pas par chez nous pour le soir.




Le lundi, bien sûr, nous sommes remontés à Sacsayhuaman et nos billets ont bien fonctionné. Pas encore un super beau temps mais nous avions hâte d’y retourner et de notre hôtel l’entrée est à une vingtaine de minutes. Ah, encore un gros nuage qui vient perturber la visite mais les capes sont vite enfilées.


Nous pouvons tout de même profiter de la vue de ces pierres gigantesques formant la muraille, sur 3 rangées parallèles en zigzag de ce site cérémoniel inca.










Nous continuons sur le site de Q’enco par un petit rab de 3km mais la vue d’ensemble était belle. Nous faisons le tour de ces rochers qui ont été taillés. La vue sur Cusco en contrebas est de 1ère et nous retrouvons aussi du monde avec pas mal de minibus.


La Plaza de Arma

Direction alors le Cristo Blanco pas loin sur sa colline qui regarde la ville et nous revoici bientôt sur Sacsayhuaman. Nous arrêtons comme promis au troquet à la sortie du site. De sa terrasse nous pouvons voir le chemin à prendre pour revenir dans notre quartier sans redescendre complètement. Nous ne retournerons que le soir vers la plaza, histoire de manger dans le coin. Nous rencontrons les 2 étudiants français rencontrés la 1ère fois au Salar d’Uyuni, ils sont ici depuis 10 jours et reviennent du Machu par le long bus, ils ont failli se prendre un rocher, un Argentin a eu moins de chance ! Nous allons prendre le train, tant pis pour le prix.




Mardi 20 mars, nous restons encore une journée ici, nous avons le temps de prendre nos billets de train sur le net  pour après demain, réserver une chambre à Ollantaytambo pour demain et souhaiter les ann…iversaires du jour (elles se reconnaîtront). Après avoir tchaté avec Sandra qui passe son test de citoyenneté demain, nous sortons enfin et cette fois, au lieu de prendre à droite vers Sacsayhuaman, nous prenons à gauche sur l’autre cerro. Nous passons devant l’entrée d’un parc mentionné nulle part : Qolqanpata Inca Park.


Nous hésitons mais nous laissons convaincre facilement, nous n’avions rien prévu et pour 20soles par personnes ! Nous ne voulons pas du guide mais finalement, il nous a suivis discrètement et à chaque interrogation de notre part il est là qui surgit en nous donnant l’explication. Il ne s’appelle pas Droopy mais William et évidemment l’avons gardés car ce parc est un bon résumé de ce qu’il y a au Pérou en flore, faune, artisanat et bouquins sur les médecines du monde.


Dans la partie musique, il nous joue de quelques instruments traditionnels et veut nous faire essayer : nous ne sommes pas Marielle ! Bref, nous sortons enchantés de cette visite d’un parc ouvert il y a seulement 4 mois et qui souffre de son manque de notoriété.
Nous continuons sur le cerro en face qui grimpe jusqu’à l’église Santa Ana en restauration depuis sûrement longtemps et pour combien de temps.





La légende du taureau de PUCARA sur les toits des maisons
Des explications : ICI

Le petit resto en face est ancien lui-aussi, mais bien ouvert et nous profitons de sa vue plongeante sur la ville avec l’aéroport pile en face tout au fond pour nous abreuver. Nous y sommes un moment car l’assiette de frite a mis un certain temps à arriver : pas grave, les gens sont vraiment sympas dans cet endroit rustique à souhait et rien ne nous presse. Nous redescendons tout de même par la place San Francisco puis l’inévitable plaza de Arma afin de visiter la grande cathédrale. L’intérieur, en trois parties, est richement décoré : beaucoup de sculptures en bois souvent recouvertes d’or ou d’argent mais aussi des peintures de la fameuse école de Cusco. Le Christ noir, le señor del tremblores, offert par Charles Quint est vénéré, mais c’est vrai que c’est bientôt la Semaine Sainte.
Nous revenons par la petite rue San Blas  et nous asseyons un peu sur un banc de la charmante petite place. Maria-Isabella arrive à nous vendre quelques bracelets tout en bavardant, alors que de gros nuages arrivent, prêts à masquer le soleil.


Repli à l’hôtel, même si finalement il n’a pas plu. Nous pouvons préparer un peu nos affaires car demain nous quittons Cusco où nous reviendrons dans quelques jours.
Mercredi 21 mars, non ici c’est l’automne ! Dès le petit déjeuner pris, nous filons dans le coin où partent les collectivos pour Ollantaytambo. Facile, nous en trouvons un de suite, ou plutôt, c’est lui qui nous trouve. Deux Chiliens complètent la voiture et le gars n’arrête pas de poser des questions au chauffeur (politique, habitat..). Nous apprenons ainsi que PPK, le président actuel, va peut-être dégager, suite à un vote pour ou contre sa destitution qui doit avoir lieu au Congrès le 23 ! Bon, à part cela, il fait moche et nous ne voyons pas les montagnes autour. Nous passons Urubamba du même nom que le rio puis arrivons dans la rue pavée de pierres qui monte à Ollantaytambo. Petit tour de ville pour terminer la journée. Demain direction le Machu Picchu.






Commentaires

  1. Très joli ce Pérou même si des pluies viennent gâcher vos balades.
    Impressionnant la taille des parpaings chez les Inca 
    La photo de la petite rue San Blas avec ses gros nuages est superbe.
    Les autres aussi, bien entendu.

    Bonne poursuite.

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  2. Les mecs qui ont installé les blocs ont surement des gros bras à moins que cela soit du pipo comme sur la première image. Bon Pérou

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