Chili - Chiloe et la région des lacs



Le 30 janvier nous voici revenus à « notre » hôtel Londres à Santiago. Nous restons une journée pleine dans la capitale, histoire de faire quelques achats nécessaires : j’ai perdu mes lunettes sur l’île de Pâques et Pat a usé son vêtement de travail, son short. Bon, cela ne prend pas beaucoup de temps, même si nous sommes en plein dans les soldes. 



Culminant à 300 mètres de haut, la tour Costanera Center, la plus haute d'Amérique du Sud

Nous profitons de ces belles journées d’été pour prendre un verre et collation en terrasses de café en zyeutant les passants. Nous poussons jusqu’au Cerro Cristobal voir si le funiculaire a repris du service. Au passage du Parque Forestal et la plaza Italia, nous avons l’explication des grandes installations de l’autre jour : le Grand Prix automobile de Formula-E a lieu ici-même, ce week-end. Nous foulons donc le circuit.


Au Cerro, le funiculaire est en marche, il nous grimpe en haut peu avant les marches pour la statue blanche de la Vierge que l’on aperçoit toujours de loin. La vue est sympa sur la ville mais aussi sur les Andes au loin. Du wifi, alors que nous profitons de l’air à l’ombre d’un arbre : le temps d’un message de Liliane, mais aussi Annabelle en train de manger sa soupe dans notre Sarthe lointaine. C’est toujours marrant ces brefs moments, si loin et si proche.




Ne jetez pas vos vieilles "lampes à lave" ici ils en vendent toujours.

Le lendemain, notre bus pour Puerto Montt  n’est qu’à 20h 30, cela nous laisse du temps de trainer par les larges rues piétonnes qui mènent à la plaza de Arma. 

Plaza de Arma
La cathédrale de Santiago

Beaucoup de monde, pas seulement pour les soldes, des animations (chanteurs, musiciens, camelots).  Sur la place nous restons un moment à regarder un groupe Jazz-latino qui joue au kiosque à la bannière Jazz-sticks. Au retour vers la Moneda, nous restons cette fois à regarder le manège des employés des banques et ministères tout proche venant faire leur pause (syndicale) dehors devant nous. Il faut dire qu'aujourd’hui il fait très chaud (+ de 40°) et un petit peu d’air doit faire du bien. Nous avons le temps de manger à notre « cantine », la Piccola Italia. C’est le terme que nous employons quand nous allons manger plusieurs fois au même endroit.  Nous récupérons nos sacs laissés à l’hôtel et filons au métro, il est 19h. Oups, nous nous engouffrons au 3ème passage, calés comme des sardines : c’est un gros problème à Santiago depuis la refonte des transports publics. Il y a manifestement des manques.
Nous trouvons notre terminal de bus et alors, dès le départ à 20h 30, 


c’est le bien-être : des sièges confortables qui s’allongent pratiquement, des petits encas, 2 films à la télé. C’est reposé que nous débarquons à Puerto Montt, dans la grisaille. Il ne fait pas trop chaud alors que nous cherchons un loueur de voitures. Une agence n’en a plus mais appelle un collègue de Puerto Varas qui se pointe une demi-heure plus tard avec « notre » voiture. Seul hic, il faudra la rendre là-bas (20km). Comme nous n’avions rien réservé pour la suite, nous changeons notre programme : direction l’île de Chiloé.
Nous enquillons la Panaméricaine-Sud qui arrive une soixantaine de km plus loin, directement au ferry. Malgré le nombre des voitures devant nous, nous faisons partie de la 1ère fournée, en dernier, grâce au petit gabarit de la nôtre mais aussi de la capacité du navire. De toute façon, il y en a souvent. Le temps s’est alors dégagé, il fait grand soleil.


Nous sommes restés 3 jours sur cette île. La Panaméricaine la traverse pour se terminer au Sud. Nous, nous avons exploré la côte Est en empruntant la plupart du temps des pistes. Ce qui rallonge d’autant les temps de trajet ou le peu de kilomètres par jour, d’autant plus que nous avions un fil rouge : les chapelles en bois. Elles sont typiques de Chiloé et une bonne quinzaine d’entre elles sont classées au Patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Initiées à partir du XVIIème siècle par des prêtres jésuites itinérants, elles ont bien sûr été restaurées. Cette culture s’est amalgamée avec celle des Indiens même si peu d’entre eux ont survécu alors, victimes des maladies comme la petite vérole, ou autres virus importés par les colons.


















Notre 1ère halte est Quemchi, un petit village de pêcheurs, qui est l’activité principale de l’île. En allant boire un verre, en bord de mer, on nous propose une chambre attenante. Elle a plusieurs lits superposés mais ils sont ok pour nous la louer à nous 2 seulement. Super, et au moins, nous savons où manger ce soir ! La terrasse au soleil est agréable. 


Nous avons le temps de passer à l’office du Tourisme pas très loin où un des employés nous conseille avec son bel écran, sur les particularités du coin avec évidemment en prime, une chapelle. Nous irons demain en partant.
Au matin, nous profitons d’abord de notre terrasse à observer d’un côté, les bateaux fantômes sur la mer qui émergent de la brume. Quelque fois se sont des îliens d’en face venant faire leurs courses à bord des petites barques à moteur. De l’autre coté, la vie du village.




Nous nous arrachons tout de même de cet endroit, et partons nous garer 3 km plus loin afin d’emprunter les 500m de pont sur pilotis. Nous posons les pieds sur la petite île d’Auca, refuge d’oiseaux migrateurs : l’un d’eux vient d’Alaska à l’autre bout du continent. Evidemment, la petite chapelle annoncée, des personnes la décorent. Direction ensuite Dalcahue puis Castro où le monde nous fait continuer jusqu’à Chonchi toujours en bordure du canal d’Apiao. Pas l’endroit le plus fun mais pour la nuit.. Peu de restos ouverts le soir mais le matin c’est pire pour le petit déj, et nous partons avec plaisir. Ah, retour devant notre gîte pour choper du wifi, car nous avons vu une petite bulle du frangin de Pat : en effet, il est au Mans chez leur maman et nous échangeons alors un petit instant avec eux. Allez, en route !
Direction plein Ouest, en chemin nous achetons un paquet de gâteaux dans un minuscule supermercado, le seul ouvert, après un camping à Huelenco. La dame nous dit qu’aujourd’hui dimanche, nous ne trouverons que sur la Côte. En effet nous petit déjeunons dans un resto derrière la plage, il fait encore gris et allons nous garer derrière des dunes que nous traversons pour atteindre l’immense plage. 


Barre de nuages au large comme sur la côte Ouest Américaine

Trempage de pieds. Impressionnant l’onde sur cette plage plate, il est facile de se faire piéger à mouiller plus que ce que l’on voudrait. Nous restons un moment à regarder cette merveille et passons au Parc National de Chiloé pour une balade en boucle avec des variantes par des chemins bien aménagés à travers la végétation endémique de l’île. Normalement, le coin est très humide, mais là c’est presque sec même si le temps est redevenu brumeux. Tiens, Darwin est venu trainer ses guêtres ici en 1835, il a même donné son nom à une grenouille.


De retour sur la Panaméricaine, gros coup de barre, alors arrêt à Nercon (pas de jeu de mot JP) où nous faisons le tour de son église, cela réveille ! A quelques kilomètres, c’est notre étape du soir, Castro. Moins de monde que la veille et nous trouvons une petite chambre perchée avec vue sur la mer. Il n’est pas tard et nous nous baladons dans la ville haute, par la rue principale animée avec bien sûr son église sur la plaza de Arma. 


Nous descendons une rue très en pente pour arpenter le front de mer et son marché où nous profitons pour diner dans un des restos sur pilotis : grand, simple mais des tables soignées et que dire de la vue.
En partant le lendemain, un petit tour par la spécificité de la ville, les maisons sur pilotis car mieux éclairées le matin. Au moins nous pouvons, car pour les églises, à quelque heure que ce soit, elles ne sont jamais face au soleil ! 




Cap au Nord vers Ancud puis Ouest vers la réserve naturelle Islotes de Puñihuel.  Nous retrouvons l’Océan immense en une trentaine de bornes d’une belle petite route sinueuse. Elle nous a fait longer le bord de mer puis traverser des collines pour atteindre le site magnifique au bout de l’immense baie. Le bout de la route, c’est la plage où nous nous garons en passant un gué, nous sommes à marée basse. Finalement nous ne faisons pas la balade en bateau qui mène devant les ilets où nichent des manchots (de Humbolt et de Magellan). A la place, nous montons à un belvédère, par un  raide sentier privé payant. Le proprio a tout compris avec un prix très bon marché et que dire après de ce mirador qui domine les ilots très proches. Nous y apercevons les fameux manchots avec les bateaux qui les approchent. Autour de nous évoluent avec aisance, goélands et cormorans par grand vent. 





Nous revenons alors vers Ancud et le ferry. La traversée réveille avec là encore le vent et maintenant la vue sur la cordillère blanche et ses nombreux cônes, au loin.  Nous laissons Puerto Montt et bientôt Puerto Varas où les logements sont chers. Nous tentons notre chance à la prochaine ville au nord, Llanquihue au bord du lac du même nom, que nous avons choisi d’une façon subjective pour en faire le tour. Cette région ne s’appelle pas pour rien, la région des lacs. Le volcan Osorno trône majestueux. 





Nous trouvons une cabañas à quelques pas et après diner nous nous asseyions derrière la plage regarder les couleurs de coucher de soleil. Tiens, les occupants du petit camping-car de baroudeur que nous avions remarqué tout à l’heure et immatriculé en France (64), se pointent là-aussi : belle rencontre avec ce couple du Sud-ouest partis pour un an, ils parcourent les Amériques depuis Halifax jusqu’à Montévidéo dans quelques semaines, à bord de Samy. Nous terminons la soirée autour de la petite table en buvant un café.


Pour les curieux, l'adresse de leur blog : http://mimisancho.com/

Au matin, nous reprenons la route, apercevant le petit camping-car toujours garé devant le lac, mais le volcan a disparu dans les nuages. En roulant le soleil revient mais pas la vue. Arrêt petit déj à Frutillar à la cafétéria d’un immense édifice en bord de l’eau : c’est l’Opéra qui se trouve être celui le plus au Sud de cet hémisphère, mais surtout lieu d’un festival de renommée mondiale. Cette ville a été fondée au tout début du XIXème siècle, par des colons Allemands comme pour la ville suivante, Puerto Octay. Là, un parcours de maisons anciennes est un bon prétexte à une balade à pied. On se croirait presque au bord du lac Léman ! Le lac est ici en contrebas de la ville.


La route bientôt suit la rive Nord creusée dans le basalte : nous sommes au pied du volcan Osorno (2652m) mais ne voyons toujours pas le haut. Une petite balade du côté de Las Cascadès pour voir…une cascade avant d’atteindre Ensenada, notre étape du soir. Nous couchons dans un gite tenu par une Brésilienne et son mari Canadien.
Hum, les bons petits pains maison au petit déj. Nous consacrons la journée au volcan dont la tête est encore coupée par les nuages mais autour ce n’est pas trop mal. Nous empruntons la belle petite route qui mène à la station de ski en faisant quelques arrêts à des belvédères dont une petite balade sur une vieille coulée de lave envahie par la végétation. Du parking de la station,  il est aisé de prendre des traces pour une chouette rando qui contournent des petits cratères dans un paysage lunaire. Si ce volcan est un cône parfait, c’est que les éruptions ont lieu plus bas sur ses flancs, qui ont formé ses cratères.

Balade vers le lac de Pétro Hue





Nous passons nous abreuver plus bas au refuge de Teski, datant de 1940, enfin presque puisque reconstruit suite au…tremblement de terre du 22.05.1960. Ah, le cône s’est dégagé !
Ce soir, nous couchons à une quinzaine de bornes de ce matin, cette fois dans un gite construit sur les pentes du volcan Calbuco (2.300m). Nous y voyons de belles photos et pas mal de bouquins en français. En demandant à notre hôte si c’était ses photos, il nous dit non, mon associé, qu’il appelle : « Nicolas ! » ben oui, il est Français et nous indique des sentiers où nous allons de ce pas. Enfin, c’est  une façon de parler car ils sont recouverts de petits gravillons avec des tas un peu partout : pas facile de marcher. A notre retour, il nous parle de l’éruption du 22.04.2015 quand il couchait à Puerto Varas comme tous les habitants à 20 km de rayon qui n’avaient l’autorisation de revenir chez eux que le jour afin de déblayer les toits, les maisons, les jardins de…tous ces gravillons.
Au matin, encore un bon petit déjeuner pris en commun avec d’autres pensionnaires,  dans la salle à manger aux larges fenêtres donnant sur 3 côtés : le couple de cyclos Américains a presque fini et nous restons avec un jeune couple de Picards en vacances revenant de Patagonie qu’ils ont adorée. Au revoir, il fait gris mais le coin en termine de 6 mois de pluie après plusieurs années de sécheresse.
Nous rendons notre voiture à Puerto Varas et prenons un bus au bout de la rue : incroyable les arrêts sur la voie rapide, qui nous mène à Puerto Montt notre étape de ce soir. C’est juste pour ne pas être trop loin du bus que nous avons réservé demain matin pour Punta Arenas.

Puerto Montt

Ce trajet est vendu pour environ 32h! Nous partons pile à 10h 30 mais comme la ligne droite n’est pas toujours la plus courte, nous filons d’abord Nord sur la ville d’Osorno récupérer des passagers à la gare routière puis direction Est pour la frontière Argentine par une route devenue plus tortueuse à travers le parc de Puyehue et les montagnes mais il pleut et nous ne voyons rien du paysage. Le passage de cette frontière nous prend environ 2h, il y a énormément de véhicules ! 


Puis le temps s’éclaircit et de superbes paysages s’offrent à nous : des lacs, des pics acérés. Dans le car, des films passent en espagnol, cela occupe aussi même si sur les 3 passés, nous n’avons vu la fin d’aucun : 2 fois à cause d’un chaos. 

Sur la route en Argentine




La nuit est descendue peu à peu et vers 10h, la fin du 3ème, le bus s’arrête 30’ pour une pause-bouffe à la Posada de Ankaris. C’est une option mais ne regrettons pas : l’endroit est chaleureux avec le poêle au bois, et la pizza basique avec la cerveza argentine fait du bien avant de reprendre la longue route. Maintenant les rideaux sont fermés, nous roulons quelque temps sur une piste et dodo.
Vrai réveil vers 6h 30, nous apercevons par un bord du rideau de l’autre côté (merci le monsieur qui l’a tiré un peu juste pour nous) à gauche, l’Océan Atlantique que nous venons d’atteindre. Le soleil se lève juste. 




Nous longeons l’Océan et observons de nombreux jets d’eau au loin : des baleines !

Nous filons plein Sud

Nous passons quelques rares patelins, l’océan n’est plus en vue, le paysage est devenu plat, immensément plat. Nous apercevons des chevaux, des sortes de lapins et même 2 nandous sur la route au milieu de ses étendues à perte de vue.
Changement de pilote…au vol sans stopper le bus ! Mais bravo les 2 chauffeurs et l’aide qui sert de steward. Très peu d’arrêts. Nous avons aperçu à l’un d’eux, la petite cabine aménagée pour leur repos, dans la soute. Sur la partie argentine, nous avons parcouru 1780km. Nous repassons alors la frontière pour le Chili, un peu moins de véhicule mais encore 1h 30 avant de nous retrouver à longer les eaux du Détroit de Magellan. Beaucoup de vent, mais un ciel pur et des couleurs avivées par le soleil oblique. Nous arrivons enfin à Punta Arénas, il est 19h. Ces 2.200 km que nous redoutions un peu ont finalement été un régal, mais nous sommes bien contents d’être arrivés en Patagonie.

Il est pas beau notre bus ?
Notre record, 32 heures 2200 km, je sais nous sommes loin de tes 72 heures Sandra dans ta traversée du Canada


Commentaires

  1. gasnier jean claude26 février 2018 à 10:37

    Bonjour les aventuriers
    j'ai bien noté le blog blog : http://mimisancho.com/ . beaucoup d'info sur le chili bravo . ici on se prépare à une semaine de grand froid profitez du beau temps
    cordialement signé un non nomade

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